09 Dec
09Dec

Situation au 9 décembre 2025. La situation peut évoluer rapidement : avant de prendre une décision pour votre propre voyage, vérifiez toujours les conseils officiels aux voyageurs de votre pays.

Il y a quelques semaines, je vous expliquais comment l’actualité s’était invitée dans nos bagages au moment de préparer notre voyage au Cambodge.

Depuis, la donne a encore changé : après un été déjà marqué par un conflit sérieux le long de la frontière avec la Thaïlande, les tensions ont de nouveau explosé, avec notamment des frappes aériennes thaïlandaises le 8 décembre 2025 près de Preah Vihear, à la suite de nouveaux accrochages meurtriers. 

Autrement dit : non, l’Asie du Sud-Est n’est pas un décor de carte postale hors du monde.

Nous restons sur Terre, pas sur la planète des Bisounours.

Dans cet article, je ne vais pas vous dire :

“Allez-y, c’est sans danger”
ni
“Surtout, n’y allez pas !”

Je vais simplement vous expliquer où nous en sommes, nous, dans nos inquiétudes, nos choix d’itinéraire et notre façon de suivre la situation, en espérant que cela vous aide à nourrir votre propre réflexion.


Ce qui se passe à la frontière, en deux mots (ou presque)

Depuis le printemps 2025, la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge est entrée dans une nouvelle crise majeure : affrontements armés, tirs d’artillerie, roquettes, drones, puis frappes aériennes. Le cœur du problème reste le même depuis des années : des zones frontalières mal délimitées depuis le départ des pays colonisateurs (ancienne Indochine), notamment autour de sites comme Preah Vihear, Ta Moan ou Ta Krabey.

L’été 2025 a été marqué par :

  • plusieurs jours de combats intenses en juillet,
  • des dizaines de morts,
  • des centaines de milliers de civils déplacés,
  • un cessez-le-feu arraché de haute lutte…

… puis une série d’incidents jusqu’à la reprise des hostilités le 8 décembre 2025, quand la Thaïlande a lancé des frappes aériennes le long de la frontière, notamment dans la région de Preah Vihear, après la mort d’un soldat thaïlandais.

Les autorités belges, françaises, suisses, canadiennes et d’autres pays disent globalement la même chose :

  • éviter la zone frontalière entre la Thaïlande et le Cambodge,
  • en particulier certaines provinces cambodgiennes comme Preah Vihear, Oddar Meanchey, Banteay Meanchey, Battambang, Pailin, Pursat et Koh Kong dans leurs districts directement frontaliers avec la Thaïlande ;
  • faire preuve d’une très grande prudence ailleurs dans ces provinces.

La frontière terrestre elle-même est fermée depuis juin 2025 pour une durée indéterminée : impossible, à ce jour, de la traverser légalement pour “passer en Thaïlande par la route” ou inversement.

Ce qu’il faut retenir : le conflit est localisé le long de la frontière, mais il est réel, sérieux et durable.


Ce que ça change pour notre itinéraire

Nous n’avons pas refait tout notre voyage de zéro, mais nous avons déjà pris plusieurs décisions importantes.

Preah Vihear : une envie que nous avons rangée dans un tiroir

Preah Vihear faisait partie de nos “envies fortes” au moment de construire notre itinéraire.

Sur le papier, c’est un site incroyable, à la fois pour son intérêt historique et pour sa position spectaculaire au bord de la falaise. Mais très tôt, nous avons pris la décision de l’enlever du programme.

Pour plusieurs raisons :

  • la région était déjà considérée comme sensible,
  • la frontière terrestre était fermée,
  • plusieurs pays déconseillaient déjà la zone aux voyageurs, même avant les frappes aériennes du 8 décembre.

Les événements récents n’ont fait que confirmer ce choix.

Aujourd’hui, entre les recommandations officielles et les combats qui touchent directement la région de Preah Vihear, nous n’avons plus aucun doute : ce n’est pas le moment pour nous d’aller là-bas.

Est-ce frustrant ? Oui.

Est-ce grave ? Non.

Le Cambodge ne se résume pas à un seul temple.


Battambang : on garde, mais sous surveillance rapprochée

Le cas de Battambang est plus délicat.

  • La province de Battambang fait bien partie de la liste des provinces frontalières pour lesquelles le SPF Affaires étrangères belge déconseille tout voyage dans les districts collés à la Thaïlande, et appelle à une vigilance accrue ailleurs.
  • La ville de Battambang elle-même n’est pas sur la ligne de front, mais elle se trouve dans une province concernée par ces avertissements.

Pour l’instant, nous avons décidé de :

  • garder Battambang dans notre itinéraire,
  • mais en considérant cette étape comme “sous réserve”.

Concrètement, cela veut dire :

  • que nous continuons à surveiller la situation pour cette zone en particulier ;
  • que lorsque nous contacterons notre hôtel entre Noël et Nouvel An (de toute façon prévu pour poser d’autres questions pratiques), nous en profiterons pour demander :
    • comment la situation est perçue sur place,
    • si des restrictions locales existent,
    • si des routes sont déconseillées ou bloquées ;
  • que nous sommes prêts, si les choses se dégradent, à :
    • annuler Battambang,
    • modifier l’itinéraire pour contourner le Tonlé Sap par l’est, en passant par Kampong Cham avant de rejoindre Siem Reap,
    • ou raccourcir cette partie du voyage.

En résumé :

Battambang reste au programme, mais ce n’est plus un “point fixe”, c’est un point ajustable.

Comment nous suivons la situation sans paniquer (ni faire l’autruche)

Suivre l’actualité de ce type de conflit quand on prépare un voyage, ce n’est ni simple ni agréable.

Entre les titres alarmistes, les réseaux sociaux survoltés et les avis de ceux qui ont toujours “tout compris mieux que tout le monde”, on peut vite osciller entre :

  • “je n’y vais plus jamais, c’est la guerre partout”,
    et
  • “les médias exagèrent, on y va les yeux fermés”.

Nous essayons de trouver un chemin au milieu.


Les sources officielles d’abord

Notre base de départ, ce sont les conseils officiels aux voyageurs :

  • SPF Affaires étrangères – Belgique (notre référence principale) ;
  • les sites du Quai d’Orsay (France), de la Confédération suisse ou du Canada, pour comparer les formulations et les cartes des zones à éviter.

Nous y regardons surtout :

  • quelles provinces sont concernées,
  • si les recommandations parlent de “déconseillé formellement” ou simplement de “prudence renforcée”,
  • ce qui est dit sur :

Ces conseils ne sont pas parfaits, mais ce sont eux qui structurent nos décisions : si une zone passe “rouge vif”, nous n’insistons pas.


Les médias “classiques”, mais pas n’importe comment

Ensuite, nous gardons un œil sur quelques médias généralistes reconnus (agences, grands journaux), qui permettent de comprendre le contexte :

  • articles de fond sur le conflit frontalier de 2025,
  • mises à jour lors des nouveaux accrochages ou des frappes aériennes du 8 décembre,
  • analyses sur les enjeux politiques des deux côtés.

L’idée n’est pas de devenir spécialistes de géopolitique du Mékong, mais au moins de savoir si :

  • on est dans une petite escarmouche isolée,
    ou
  • dans une escalade durable, comme c’est le cas cette année.

Là aussi, on essaie de garder une certaine distance avec les titres très dramatiques :

“la région s’embrase” ne veut pas dire “tout le Cambodge est en feu”.


Des voix sur place pour remettre les choses en perspective

En parallèle de ces sources officielles et médiatiques, nous nous appuyons aussi sur quelque chose qu’Internet fait encore très bien : des communautés de passionnés et d’expatriés prêts à aider gratuitement

C’était déjà le cas pour la préparation de notre voyage en Thaïlande, où j’avais fini par téléphoner à un expatrié à Chiang Mai pour faire le point sur la saison des fumées.

Aujourd’hui, pour le Cambodge et la Thaïlande, j’échange beaucoup sur un serveur Discord animé par Nico, le créateur de la chaîne YouTube JTPT (Journal Télévisé Pour la Thaïlande), qui regroupe notamment une communauté d’expats en Thaïlande.

Concrètement, ce genre de communauté permet :

  • d’avoir accès très vite à certaines informations : par exemple, c’est via ce Discord que j’ai vu passer les premières mentions des frappes aériennes du 8 décembre, avec des captures et des articles locaux, histoire de compléter les médias européens ;
  • de confronter les titres parfois très anxiogènes de nos médias à des retours de terrain : évacuations, SMS envoyés aux habitants de certaines provinces, perception de la situation par ceux qui vivent dans le pays ;
  • d’accéder à des journaux et publications thaïlandais et cambodgiens, qui offrent un autre angle que celui de la presse européenne.

Cela ne veut pas dire que cette vision est “plus vraie” que le reste, ni qu’il faudrait remplacer les conseils officiels par l’avis d’expatriés.

D’ailleurs, Nico est très clair là-dessus : il encourage les voyageurs à rester prudents, à continuer de suivre l’actualité et à tenir compte des recommandations des autorités. Il ne cherche pas à rassurer à tout prix.

Pour nous, ces échanges sont donc un complément :

  • ils nous aident à tempérer l’impression que “le danger est partout”,
  • sans tomber dans l’excès inverse qui consisterait à tout minimiser.
Précision importante : je ne gagne rien à citer la chaîne. J’en parle simplement parce qu’ils font partie, honnêtement, des sources qui nous aident à y voir plus clair.

Nos lignes rouges et ce que nous sommes prêts à adapter

À partir de tout ça, nous avons défini nos propres lignes rouges.

Ce qui, pour nous, serait un “non”

Par exemple :

  • des combats, bombardements ou frappes proches d’une des grandes villes de notre itinéraire (Phnom Penh, Siem Reap, Battambang, Kampot, Kep…) ;
  • une détérioration nette des conseils aux voyageurs, du type :
    “Il est déconseillé de se rendre à…” pour une ville où nous devrions loger ;
  • des avertissements clairs concernant un aéroport que nous utilisons ;
  • un climat sur place qui donnerait l’impression que les habitants eux-mêmes cherchent à partir.

Dans ces cas-là, nous ne chercherions pas à “voir quand même”.

Nous annulerions ou remanierions le voyage, quitte à perdre de l’argent et à encaisser la frustration.


Ce que nous acceptons comme “risque normal de voyage”

À l’inverse, nous acceptons comme faisant partie de la réalité du voyage :

  • l’idée de renoncer à certaines étapes (comme Preah Vihear, et peut-être Battambang si la situation se dégrade encore) ;
  • la possibilité de changer un trajet, d’adapter une nuit d’hôtel, de raccourcir une région ;
  • le fait que tout ne soit pas figé bien à l’avance.

En gros, nous partons avec un itinéraire solide, mais pas rigide. C’est une manière de reconnaître que le monde n’est pas parfaitement stable, sans pour autant renoncer à voyager dès que la carte se colore en jaune ou en orange.


Et vous, dans tout ça ?

Ce billet n’a pas pour but de vous dire ce que vous devez faire.

Mon objectif est simplement de vous montrer :

  • comment nous lisons l’actualité,
  • ce que cela change pour notre voyage au Cambodge,
  • et comment nous essayons de trouver un équilibre entre :
    • le fantasme d’un monde parfaitement sûr,
    • et le discours inverse qui prétend que “les médias exagèrent toujours” et que “tout va bien partout”.

Si vous préparez vous aussi un voyage dans la région, je vous encourage vraiment à :

  • Lire attentivement les conseils aux voyageurs de votre pays (et idéalement croiser 2–3 pays différents).
  • Vous demander quel est votre propre seuil de tolérance à l’incertitude:
    • est-ce que l’idée de modifier un itinéraire au dernier moment vous paralyse ou vous semble acceptable ?
  • Ne pas rester seul avec vos interrogations:
    • en parlant avec d’autres voyageurs,
    • en échangeant avec des personnes sur place,
    • mais sans jamais oublier que la décision finale vous appartient.

De notre côté, nous continuons à préparer ce voyage, à ajuster les détails… et à espérer que, d’ici notre départ en février, les armes se taisent enfin le long de cette frontière qui cristallise tant de tensions.

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