📸 Porte sud d’Angkor Thom, Siem Reap - Auteur : Marcin Konsek - Licence : CC BY-SA 4.0 -Source : Wikimedia Commons
Angkor Thom, littéralement « la Grande Cité », fut la dernière capitale de l’Empire khmer. Construite à la fin du XIIᵉ siècle par le roi Jayavarman VII, elle s’étendait sur près de 12 km² et abritait plusieurs centaines de milliers d’habitants. Aujourd’hui, il ne reste que ses monuments de pierre, mais l’impression de grandeur et de puissance demeure intacte.
L’accès le plus spectaculaire se fait par la Porte Sud.
📸 Porte sud d’Angkor Thom, Siem Reap - Auteur : Arian Zwegers from Brussels, Belgium- Licence : CC BY 2.0 -Source : Wikimedia Commons
On y franchit un pont bordé de rangées de statues représentant d’un côté les devas (dieux) et de l’autre les asuras (démons), en train de tirer un gigantesque naga. Cette scène évoque le mythe du barattage de la mer de lait, symbole de la lutte entre forces opposées pour obtenir l’élixir d’immortalité. La porte elle-même, surmontée de tours ornées de visages, donne un avant-goût du mystère du Bayon, situé au centre de la cité. D’autres portes, moins fréquentées, percent l’enceinte : la Porte Nord, la Porte de la Victoire, la Porte Ouest et la Porte des Morts, chacune dotée de la même monumentalité.
Au cœur d’Angkor Thom se dresse le Bayon, temple d’État de Jayavarman VII. Construit à la fin du XIIᵉ siècle, il se distingue par ses tours monumentales décorées de visages colossaux, au sourire énigmatique.
📸 Temple Bayon, Angkor Thom - Auteur : Krzysztof Golik - Licence : CC BY-SA 4.0 - Source : Wikimedia Commons
Ces visages, dont l’identité fait encore débat (Bouddha ou le roi lui-même sous des traits divinisés), confèrent au lieu une atmosphère unique et presque surréelle. Les bas-reliefs qui ornent ses galeries représentent à la fois des scènes mythologiques et des épisodes de la vie quotidienne des Khmers, offrant un témoignage précieux sur cette époque. Le Bayon est si important qu’il mérite un article dédié pour en explorer tous les détails, mais même dans une visite globale d’Angkor Thom, il reste l’incontournable absolu.
Non loin du Bayon se trouve le Baphuon, temple-montagne initialement dédié à Shiva au XIᵉ siècle. Transformé plus tard en sanctuaire bouddhiste, il fut partiellement détruit puis abandonné, au point de devenir une immense ruine au XIXᵉ siècle.
📸 Temple Baphuon, Angkor Thom - Auteur : Diego Delso (delso.photo) - Licence : CC BY-SA 4.0 - Source : Wikimedia Commons
Sa restauration, menée par l’EFEO (École française d’Extrême-Orient), fut l’un des chantiers archéologiques les plus complexes jamais entrepris : des milliers de blocs de pierre furent démontés puis remontés comme un gigantesque puzzle. Après plus de cinquante ans de travaux, le Baphuon fut enfin rouvert en 2011, redonnant vie à ce monument impressionnant.
Angkor Thom était aussi une cité royale. Si le palais de bois a disparu, les terrasses de pierre en gardent la mémoire. La Terrasse des Éléphants, longue de plus de 300 mètres, servait de tribune pour les cérémonies et les parades royales.
📸 Terrasse des Éléphants, Angkor Thom - Auteur : Diego Delso (delso.photo) - Licence : CC BY-SA 4.0 - Source : Wikimedia Commons
Ses bas-reliefs détaillent des processions d’éléphants et de guerriers, rappelant la puissance militaire du royaume.
Juste à côté se trouve la Terrasse du Roi Lépreux, au nom mystérieux.
📸 Terrasse du Roi Lépreux, Angkor Thom - Auteur : Jorge Láscar from Australia - Licence : CC BY 2.0 - Source : Wikimedia Commons
On y admire de splendides sculptures représentant des divinités et des créatures mythologiques. La statue du “Roi Lépreux” qui lui donna son nom reste entourée d’incertitudes : certains y voient un roi atteint de la lèpre, d’autres le dieu de la mort Yama.
Au centre de la cité se trouvait le Palais Royal, aujourd’hui disparu car construit en bois. Seul subsiste le temple de Phimeanakas, pyramide à trois niveaux.
📸 Temple Phimeanakas, Angkor Thom - Auteur : Diego Delso (delso.photo) - Licence : CC BY-SA 3.0 - Source : Wikimedia Commons
Selon la légende, cette pyramide abritait chaque nuit une nymphe céleste avec laquelle le roi devait s’unir pour assurer la prospérité du royaume. Si la légende prête à sourire, elle illustre le lien sacré entre pouvoir royal et divinité dans l’imaginaire khmer.
Autour des axes principaux, Angkor Thom recèle d’autres structures moins connues mais tout aussi intéressantes. Les douze tours de Prasat Suor Prat, alignées le long de la grande voie royale, intriguent encore les archéologues quant à leur fonction exacte.
À proximité, les temples de Chau Say Tevoda et de Thommanon, situés juste à l’extérieur de l’enceinte, complètent la visite en offrant de beaux exemples d’architecture khmère classique.
📸 Temple Thommanon, Cambodge - Auteur : Gary Lee Todd, Ph.D. - Domaine public - Source : Wikimedia Commons
Ces lieux, souvent moins fréquentés, permettent de profiter de la sérénité du site loin de la foule.
Angkor Thom se situe à environ 8 km de Siem Reap, au nord d’Angkor Wat. On y accède facilement en tuk-tuk, en voiture ou même à vélo pour les plus sportifs. La visite de la cité peut occuper une demi-journée si l’on se concentre sur les monuments principaux, mais une journée entière est recommandée pour qui veut en explorer les recoins. Angkor Thom fait partie du Petit Circuit, ce qui en fait une étape incontournable pour toute première visite à Angkor.
Angkor Thom n’était pas seulement une cité fortifiée : c’était le cœur politique et spirituel de l’Empire khmer. Derrière ses portes monumentales, on découvre le mystère des visages du Bayon, la majesté restaurée du Baphuon, la solennité des terrasses royales et les légendes attachées au palais disparu. Bien loin du simple site archéologique, Angkor Thom offre une plongée fascinante dans l’histoire et la grandeur d’une civilisation qui a marqué à jamais le Cambodge.