Photo: Marcin Konsek - Source : Wikimedia Commons
Visiter le musée du génocide de Tuol Sleng (S21), c’est plonger dans l’une des pages les plus sombres de l’histoire contemporaine du Cambodge. Installé dans une ancienne école transformée en prison par les Khmer rouges à partir de 1975, le site a servi de centre de détention, d’interrogatoire et de torture sous le régime de Pol Pot.
Entre 1975 et 1979, plus de 18 000 prisonniers y furent enfermés. Seuls une poignée d’entre eux survécurent.
Aujourd’hui, le musée se visite dans un silence empreint d’émotion. Les salles de classe converties en cellules, les photos d’identité des prisonniers, les témoignages et les documents conservés sur place rappellent avec force l’ampleur des crimes commis.
Au cœur de ce système de terreur se trouvait Kaing Guek Eav, plus connu sous son nom de guerre Duch. Ancien professeur de mathématiques, il fut nommé directeur de S21 et organisa méthodiquement les interrogatoires et exécutions.
Froid et méticuleux, Duch est resté tristement célèbre pour son efficacité bureaucratique et sa fidélité au régime de Pol Pot. Après la chute des Khmers rouges, il vécut sous une fausse identité avant d’être retrouvé en 1999. Son procès, tenu par le Tribunal spécial pour le Cambodge, s’acheva en 2012 avec une condamnation à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité.
Pour mieux comprendre ce que représente S21, la lecture et les films de Rithy Panh, cinéaste et écrivain franco-cambodgien, sont des bases essentielles. Rescapé du régime, il a consacré une grande partie de son œuvre à transmettre la mémoire de cette tragédie.
Quelques recommandations :
Ces lectures et visionnages permettent d’aborder S21 avec un regard plus conscient et respectueux.
Le musée du génocide de Tuol Sleng est un lieu difficile, mais indispensable pour comprendre le Cambodge d’aujourd’hui.
Il ne s’agit pas d’une visite "touristique", mais d’un moment de recueillement et de réflexion sur l’horreur de la dictature et la force de la mémoire. Sa visite est souvent couplée avec celle du mémorial de Choeung Ek, aussi appelé Killing Fields.
Préparer cette étape avec des lectures ou films comme ceux de Rithy Panh permet de mieux appréhender la profondeur du lieu.
S21 marque, bouleverse et rappelle que le voyage ne se limite pas aux paysages : il est aussi une rencontre avec l’histoire d’un peuple.