Alors que notre séjour touche lentement à sa fin, nous nous offrons une ultime activité : une visite au Ao Nang Elephant Shelter, un refuge pour éléphants situé à quelques kilomètres d’Ao Nang. Initialement, nous n’avions pas prévu ce genre d’excursion, estimant que sans passer par Chiang Mai, où se trouve l’un des refuges les plus réputés du pays, cela n’en valait pas la peine. Mais c’est en discutant avec un couple de touristes français, également logé au Ban Sainai Resort, que nous nous laissons convaincre. Leur retour positif nous pousse à franchir le pas.
Après un bon petit déjeuner, nous attendons la navette à la réception de notre hôtel. Elle arrive ponctuellement, et en une vingtaine de minutes, nous sommes sur place. À notre arrivée, quelques perroquets colorés nous accueillent près du pavillon d’entrée.
Nous sommes invités à nous installer sur de longues tables ombragées, où l’on nous explique le déroulé de la visite. La première impression est néanmoins mitigée : le terrain paraît étonnamment exigu pour accueillir plusieurs éléphants. Pas de jungle alentour, et très peu d’arbres. L’environnement semble plus pensé pour accueillir les visiteurs que pour offrir un espace naturel aux animaux.
Un membre du personnel nous présente brièvement l’animal : alimentation, soins, espérance de vie, distinctions entre éléphants d’Asie et d’Afrique, et bien sûr, les raisons pour lesquelles ceux-ci se retrouvent ici, principalement en tant que retraités du travail forestier.
Nous rejoignons ensuite une première zone où attendent plusieurs éléphants. Un autre individu est mentionné, mais il ne se sent pas assez en forme pour recevoir les visiteurs. On nous distribue de la canne à sucre à donner aux animaux, et les séances photo commencent.
Malgré l’encadrement, un certain malaise s’installe. Ces instants sont émouvants – la douceur de ces géants et la profondeur de leur regard sont bouleversants – mais la scène est encadrée de très près.
Vient ensuite le moment du bain de boue. En maillot de bain, nous accompagnons les éléphants et leurs mahouts (les soigneurs) dans une zone aménagée.
Seaux de boue à la main, nous frottons leur peau rugueuse et assistons, amusés, à une scène pour le moins cocasse : notre éléphant semble prendre un malin plaisir à me viser avec sa trompe pleine de boue. John, quant à lui, est miraculeusement épargné.
Complicité éléphantesque ou pacte secret entre lui et l’animal ? Le doute plane encore…
Puis, direction le petit bras de mer pour le bain à l’eau salée, suivi d’un dernier rinçage sous d’immenses douches à ciel ouvert. L’animal joue à nouveau à nous éclabousser.
Mais peu à peu, nous réalisons que tous ces comportements, aussi drôles qu’ils puissent paraître, sont induits par des ordres donnés discrètement par les soigneurs. La spontanéité qu’on aimerait imaginer n’est qu’illusion.
Avant de partir, des photographes capturent les derniers instants.
Les clichés sont beaux, mais la magie a laissé place à une réflexion plus nuancée. Oui, nous avons vécu un moment unique au contact d’animaux extraordinaires. Mais on ne peut ignorer qu’ils subissent ce type de visite deux fois par jour, inlassablement. Une forme d’exploitation maquillée en réhabilitation.
Nous repartons avec des sentiments mêlés, à la fois émerveillés et mal à l’aise. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le refuge ne figure pas dans les bonnes adresses conseillées par Than Voyage. Nous vous invitons également à lire la FAQ rédigée sur la manière de choisir un refuge respectueux, ainsi que, déjà, quelques adresses de refuges éthiques, que nous essaierons de visiter lors d'un prochain voyage.
L’après-midi est dédiée à la préparation des valises. Le cœur un peu lourd, nous savons que le lendemain, il nous faudra prendre la route vers l’aéroport international de Phuket pour notre vol retour. Une page s’apprête à se tourner, et elle est particulièrement difficile à refermer.Pour adoucir cette transition, nous choisissons de retourner dîner au Ton Ma Yom Thai Food Restaurant, l’une de nos adresses préférées à Ao Nang. La soirée est délicieuse, simple et pleine de saveurs… à l’image de ce voyage.